Je me rendais au bar de Gisèle, pour aller y rejoindre une amie, Eva, que j’avais rencontrée une semaine plus tôt dans un autre bar. C’était une nana un peu androgyne, plutôt mignonne, qui m’avait dit préférer les filles. On avait bien conversé sur le sujet du féminisme, elle et moi, ainsi que de son ex, qui justement avait des idées fortes en la matière, mais qu’elle ne suivait pas dans ses délires. « On a quand même besoin de mixité » m’avait-elle dit. Moi, je la trouvais plutôt pas mal.
Comme toujours, j’appréhendais un peu qui j’allais trouver en entrant chez Gisèle, au G Bar. A l’extérieur, à une table, il y avait trois personnes, dont Philippine, une copine que je connaissais aussi relativement, depuis peu de temps. Je m’avançais pour la saluer, fatiguée, on était vendredi soir. Je n’en pouvais plus de mon travail, je songeais à poser un arrêt maladie. Mon patron me harcelait par des reflexions incessantes, je me sentais à bout.
Aux côtés de Philippine, deux garçons. L’un était petit, plutôt drôle, il fumait une cigarette électronique. L’autre grand et mince, les cheveux longs bouclés, au visage triste et fermé, mais à l’air gentil, buvait sa bière. Gisèle vint vers eux, pour échanger des nouvelles et autres histoires. Tout le monde du quartier la connaissait, elle tenait ce bar depuis deux ans déjà, et je l’avais abordée, un jour, car je voulais y jouer. Je suis musicienne, et je cherchais un lieu où me produire pour la dernière fête de la musique. Elle m’avait ouvert les bras, en me disant que j’étais la bienvenue. Elle n’avait pas cessé d’être avenante et accueillante avec moi depuis ce jour-là.