Armand 2

Je m’avançais vers eux et échangeais quelques mots avec Philippine, tandis que Gisèle parlait aux garçons. Le petit leva la tête vers moi, alors j’allai le saluer. Le grand, quant à lui, assis sur une chaise, me regardait à peine. Je fis un pas pour m’asseoir près d’eux sur un muret de pierre à proximité, mais ce dernier me céda sa chaise, et tout en me laissant m’installer, prit place sur le muret. C’était bas, et par sa taille allongée, il dût plier les genoux. Je parlais un peu avec lui pour faire connaissance. Il m’expliqua qu’il travaillait dans une usine, je lui dis que j’étais dans une petite entreprise où je me faisais harceler moralement, et que je ne supportais plus mon travail. Lui, se plaignait du sien, tout en disant que les patrons ponctionnent l’énergie des employés, en détaillant ses conditions de travail à lui, plutôt pénibles et l’ambiance de mort qui régnait là où il officiait.

Il avait le visage fatigué, le teint blanc, ses longs cheveux châtain attachés en couette dans son cou, il portait un blouson de cuir noir, un vieux jean délavé et des baskets foncées. Il avait un look de rockeur, ou tout du moins, d’une personne qui en écoutait. Sur son visage, dur et froid, de petits yeux en amande encadrés de lunettes rectangulaires, un grand nez un peu courbé et des lèvres dont la forme suave, bien dessinée, me plût tout de suite. En même temps que je percevais le malaise qui émanait de sa personne, je me sentais proche de lui sans savoir pourquoi. Je ne pouvais pas saisir qui il était, pourtant j’avais le sentiment de le comprendre immédiatement. Au bout de quelques instants, je lui demandais son nom. Armand, me dit-il.